Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

18. — On voit une estampe ingénieuse sur les affaires des Jésuites. Aux deux côtés du tableau sont M. le duc de Choiseul et madame la marquise de Pompapour, qui arquebusent à bout touchant une foule de Jésuites. Ceux-ci tombent par terre, dru comme mouches. Le roi est là qui les arrose d’eau bénite, et l’on voit le parlement en robe, çà et là, bêchant des fosses pour enterrer les morts.

19. — On parle beaucoup d’un nouveau livre où il y a des traits très-forts contre le gouvernement : il s’appelle le Despotisme oriental[1].

20. — On a donné hier aux Italiens la première représentation du Procès, ou la Plaideuse, pièce en trois actes, mêlée d’ariettes. Ce drame, sous le nom de madame Favart, et qu’on veut être de l’abbé Voisenon, malgré l’agréable et pittoresque musique du sieur Duni, n’a pas eu le moindre succès.

22. — Émile, ou de l’Éducation, par Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève : tel est le titre de quatre volumes in-8o qui paraissent depuis quelques jours. Cet ouvrage, annoncé et attendu, pique d’autant plus la curiosité du public, que l’auteur unit à beaucoup d’esprit le talent rare d’écrire avec autant de grâces que d’énergie. On lui reproche de soutenir des paradoxes ; c’est en partie à l’art séduisant qu’il y emploie qu’il doit peut-être sa grande célébrité ; il ne s’est fait connaître avec disinction que depuis qu’il a pris cette voie. Le typographique de ces quatre volumes est exécuté avec beaucoup de soin, et ils sont décorés des plus jolies estampes.

22. — La Plaideuse, au moyen de grands changemens,

  1. Recherches sur l’origine du despotisme oriental ; ouvrage posthume de M. B. I. D. P. E. C. (Boulanger, inspecteur des ponts-et-chaussées). Londres, 1762, in-12. — R.