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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/127

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mars 1767

fournissent tous les jours des preuves de leur existence.

8. — M. de Voltaire s’occupe actuellement de la famille des Sirven. Ces infortunés, dans un cas à peu près semblable à celui des Calas, sont depuis quelques années sous sa protection. En attendant qu’il ait armé les lois en leur faveur, il écrit à toutes les puissances pour en obtenir des secours. Le roi de Danemark lui ayant envoyé pour eux quatre cents ducats, notre poète a répondu à cet envoi par ces beaux vers :


Pourquoi, généreux prince, âme tendre et sublime,
Pourquoi vas-tu chercher dans nos lointains climats
Des cœurs infortunés que l’injustice opprime ?
C’est qu’on n’en peut trouver au sein de tes États.
Tes vertus ont franchi, par ce bienfait auguste,
Les bornes des pays gouvernés par tes mains,
Et partout où le ciel a placé des humains,
Tu veux qu’on soit heureux, et tu veux qu’on soit juste.
Hélas ! assez de rois que l’histoire a faits grands,
Chez leurs tristes voisins ont porté les alarmes :
Tes bienfaits vont plus loin que n’ont été leurs armes ;
Ceux qui font des heureux sont les vrais conquerans !


11. — M. Araignon, avocat, vient de faire imprimer une comédie en cinq actes et en prose. C’est un drame romanesque qui offre le tableau, toujours attendrissant, de l’innocence persécutée et triomphante. Il a pour titre, le Vrai Philosophe[1]. Cette comédie est dédiée à MM. les maire et échevins de Saint-Malo, comme un témoignage de la reconnaissance de l’auteur, gratifié par ces magistrats d’un brevet de citoyen Malouin, ainsi que d’une médaille d’or, au sujet de sa tragédie du Siège de Beauvais[2].

  1. Paris, Panckouke, 1767, in-8o. — R.
  2. V. 6 mars 1766, — R.