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AOUT 1767

5. — La censure[1] de la Faculté de théologie au sujet de Bélisaire est enfin imprimée telle quelle. Elle est en latin et en français ; mais les sages maîtres ne veulent pas la faire paraître, que M. l’archevêque de Paris n’ait mis en lumière son mandement sur le même sujet, qu’on annonce pour le 10 de ce mois. C’est une déférence d’usage. On ne sait encore ce qui en résultera pour M. Marmontel, plus récalcitrant qu’on ne l’avait cru d’abord. Ce qu’il y a de sûr, c’est que l’Académie Française ne peut garder dans son sein un membre inculpé d’hérésie, sans la rétractation la plus formelle de la part du condamné.

11. — Il a débuté aux Italiens, le 21 janvier dernier, une demoiselle Danguy, fille du joueur de vielle et sœur de madame Content, femme du premier architecte de M. le duc d’Orléans. On applaudit beaucoup alors aux grâces naturelles de sa personne, à l’intelligence de son jeu et au goût avec lequel elle conduisait une voix peu forte, mais agréable et légère. Des raisons de fortune l’ont obligée à prendre le parti du théâtre : abandonnée d’un mari qu’elle avait, et manquant des ressources qu’elle était en droit d’attendre de sa sœur, elle a fait valoir les talens dont elle était douée. Sa famille a trouvé cela très-mauvais ; madame Content a interposé, pour lors, l’autorité de M. le comte de Saint-Florentin, qui voulut bien s’en mêler. La jeune personne offrit de renoncer au théâtre si sa sœur voulait lui faire douze cents livres de pension. Celle-ci n’ayant pas acquiescé aux conditions, le ministre s’est désisté, et la jeune personne a

  1. Determinatio sacræ Facultatis Parisiensis in libellum cui titulus Bélisaires. Paris, veuve Simon, in-4o, in-8o et in-12. L’in-12 ne contient que le français. — R.