poison se trouvait noyé dans un fatras de verbiages, qui semblaient en arrêter l’activité : l’ennui gagnait avant l’erreur, et l’in-folio tombait des mains.
27. — Vers de M. de La Harpe à M. de Voltaire, pour le jour de Saint-François.
François d’Assise fut un gueux
Et fondateur de gueuserie,
Et ses disciples n’ont pour eux
Que la crasse et l’hypocrisie.
François, qui de Sale eut le nom,
Trichait au piquet, nous dit-on ;
D’un saint zèle il sentit les flammes,
Et vainquit celles de la chair,
Convertit quatre-vingt mille âmes
Dans un pays presque désert.
Ces pieux fous que l’on admire,
Je les donne au diable tous deux,
Et je ne place dans les cieux
Que le François qui fit Alzire.
L’Église dans ce jour fait à tous les dévots
Célébrer les vertus d’un pénitent austère :
Si l’Église a ses saints, le Pinde a ses héros,
Et nous fêtons ici le grand nom de Voltaire.
Je suis loin d’outrager les saints :
Je les respecte autant qu’un autre ;
Mais le patron des capucins
Ne devrait guère être le vôtre.
Au fond de ces cloîtres bénits
On lit peu vos charmans écrits,
C’est le temple de l’ignorance.
Mais près de vous, sous vos regards,
Le dieu du goût et des beaux arts