Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
MÉMOIRES SECRETS

lement, en date du 3 mars, dont le fonds et la forme sont également intéressans. Ce sont les principes du despotisme établis avec la plus grande hardiesse sur ceux du droit naturel. Quant au style, il est fort, nerveux, noble, à quelques phrases près très-entortillées.

5. — On a donné avant-hier la première et dernière représentation du Gustave de M. de La Harpe. Ce drame a ou beaucoup de peine à parvenir jusqu’à la fin, et les deux derniers actes ont été soufferts très-impatiemment. Rien de plus misérable en effet. Cet auteur, au lieu d’augmenter, n’a fait que décroître depuis sa première tragédie, et montre absolument dans celle-ci son incapacité. C’est un monstre dramatique de toutes façons, où il ne se trouve aucune beauté, même de détail.

6. — Un auteur a voulu venger la gloire de Beauvais, qu’on reprochait à M. de Belloy d’avoir flétrie mal à propos. En conséquence, il a fait le Siège de Beauvais, ou Jeanne Laisnè, tragédie en cinq actes[1]. Cet ouvrage est d’un honnête citoyen, plus capable sans doute de faire une bonne action que de composer un bon drame : c’est M. Araignon, avocat.

7. — Le Père Fidèle, de Pau, Capucin de la province d’Aquitaine, a prononcé au couvent des Capucins de Paris une Oraison funèbre de Monseigneur le Dauphin[2], qui paraît imprimée. À travers tout le galimatias et le ridicule dont elle est pleine, on découvre une imagination vive et ardente, un génie hardi et fécond. Il ne manque à ces deux facultés que du jugement pour les diriger ; l’auteur fait un abus de termes, qui dénature absolument ses idées. On prétend qu’il a pillé une pareille

  1. Paris, Lambert, 1766, in-8o. — R.
  2. Paris, Vente, 1766, in-4o. — R.