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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/262

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MÉMOIRES SECRETS

pages, et M. Guichard. Ce dernier, déjà connu à ce tripot, l’a emporté sur l’autre.

7. — Le sieur Riballier, syndic de la Faculté de Théologie, vient d’obtenir de la cour, à la nomination de Pâques, l’abbaye de Chambon. Son corps regarde cette faveur comme la récompense de sa complaisance pour la cour, et de toutes ses menées dans son sein pour faire échouer le zèle des défenseurs de la foi, concernant l’affaire de Bélisaire. C’est aussi un dédommagement de tout le ridicule dont a été couvert ce docteur par M. Marmontel, M. de Voltaire, et différens plaisans qui se sont égayés sur cette matière.

8. — M. de Voltaire vient de s’égayer encore aux dépens de la religion, dans un libelle intitulé Relation de l’expulsion des Jésuites de l’empire de la Chine, par l’auteur du Compère Mathieu. C’est à peu près la même tournure que celle du Catéchumène, qu’on prétend aujourd’hui n’être pas de lui. Ici, l’empereur de la Chine fait venir un Jésuite pour apprendre de lui la religion qu’il vient prêcher de si loin. L’auteur fait dire à cet imbécile tant d’absurdités, que le prince se met à lui rire au nez, et lui permet de prêcher où il voudra ses folies, persuadé qu’elles ne tourneront pas beaucoup de têtes. Mais sur la déclaration que lui fait l’apôtre, de l’intolérance de cette religion, il chasse le Jésuite et tous ses sectateurs.

9. — M. de Chabanon, de l’Académie des Belles-Lettres, revenu depuis quelque temps d’auprès de M. de Voltaire, a cru devoir saisir le moment de solitude où se trouve ce grand homme, pour lui offrir de retourner à Ferney et de lui tenir compagnie. Il a répondu par une lettre fort polie, où il éconduit M. de Chabanon avec l’honnêteté