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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/286

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MÉMOIRES SECRETS

propos injurieux à sa réputation ; que c’était la suite de l’animosité des mécontens et le résultat de leurs complots. Quoi qu’il en soit, le ministre de la marine à mis en cause le lieutenant de police. Le livre est arrêté : le censeur à été vertement réprimandé, et M. Bossu conduit en prison, comme on a dit, pour son obstination à n’avoir pas voulu se rétracter et mettre des cartons à son livre, sous prétexte qu’il n’avait rien avancé que de vrai. Heureusement M. le duc d’Orléans, qui protège cet officier, a voulu remonter à la source de cette vexation, et s’est plaint au ministre. M. Bossu doit sortir incessamment, s’il n’est pas encore sorti de la Bastille.

17. — On assure que le Mémoire de mademoiselle Le Blanc de Crouzol a été présenté au roi pour l’amuser dans ses petits appartemens, qu’il s’en est beaucoup réjoui, et que M. Poinsinet, très-glorieux déjà d’avoir occupé un moment Sa Majesté, se flatte qu’elle n’aura pris par cette lecture aucune impression défavorable de ses mœurs ni de ses talens, et qu’elle lui fera l’honneur encore plus grand de lire celui qui justifie si complètement son innocence.

19. — On s’imagine tenir la clef de la conduite de M. de Voltaire, en supposant, ce qui est facile à croire, qu’il ait toujours un désir ardent de rentrer dans sa patrie, ou du moins de venir à Paris. On veut que sur ses sollicitations auprès d’un grand ministre, celui-ci lui ait fait entendre que la reine s’y opposait, prévenue contre lui, en le regardant comme auteur de tous les libelles contre la religion qui se répandent depuis quelque temps en France ; que la seule façon de démentir ces calomnies, et de mériter l’indulgence de cette Majesté, était de faire un acte de catholicité qui détruisit les imputations de