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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/309

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JUILLET 1768

retraite de Trye et est passé à Lyon, sans qu’on donne d’autres raisons de cette émigration que l’inconstance du personnage. On ne sait s’il restera dans cette ville, où il se trouve dans le ressort du Parlement de Paris : on présume qu’il y a conservé son nom étranger.

23. — La Comédie Italienne vient de perdre mademoiselle Camille Véronèse, morte, le 20 de ce mois, des suites d’une vie trop voluptueuse, comme il arrive assez souvent à ces demoiselles, qui aiment à la faire courte et bonne. Au reste, c’était une grande et très-grande actrice ; elle possédait la partie du sentiment dans un degré supérieur, et depuis mademoiselle Sylvia aucune n’avait montré tant de talens pour la scène. Elle emporte avec elle les regrets des partisans de ce théâtre, qu’elle laisse absolument vide relativement à son genre. On n’y voit plus en femmes que des cantatrices, et l’on sera obligé de renoncer absolument aux pièces italiennes qu’elle soutenait par son jeu : elle était l’âme d’Arlequin même, quelle inspirait et dont elle échauffait la verve.

24. — M. de Voltaire ne perd aucune circonstance de faire su cour à la Czarine, qu’il appelle la Sémiramis du Nord. À l’occasion des nouveaux troubles de Pologne, il paraît un Discours aux Confédérés catholiques de Kaminiech en Pologne, par le major Kaiserling, au service du roi de Prusse. Tel est le titre d’une petite brochure de seize pages d’impression, échappée récemment à la plume de cet écrivain célèbre. Elle est digne de l’apôtre de la tolérance ; mais l’humanité lui saurait plus de gré de son zèle, s’il n’était toujours armé de sarcasmes, et s’il ne prodiguait trop immodérément des éloges qu’on pourrait suspecter de flatterie. On est tenté de croire qe le fonds de tous ces ouvrages n’est qu’un cadre pour