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NOVEMBRE 1768

chelieu, un des beaux monumens de sculpture connus. Il est monté dans la bibliothèque, où on lui a présenté le premier livre imprimé en Francé[1], en 1470, intitulé : Spéculum humanæ salvationis. On lui a fait passer en revue les autres curiosités de la bibliothèque, entre autres une bible russe envoyée par le Czar. Ce monarque a demandé à cette occasion s’il y en avait une en danois ? et d’après la réponse négative, il a promis d’en envoyer une. Il a été obligé de recevoir, avant de partir, différentes pièces de vers latins d’écoliers du collège du Plessis, que le principal a introduits à sa rencontre. Ce prince, fatigué d’éloges, de complimens et d’encens, ne les a pas lus, mais a demandé pour eux des congés ; puis on l’a reconduit, et il est retourné à son hôtel se reposer et se disposer à la fête du soir.

25. — M. de Voltaire s’amuse de tout : il ne dédaigne aucun genre ; il embouche avec une égale facilité la trompette et le flageolet. Il court aujourd’hui une énigme sous son nom. Les sociétés de la cour et de la ville s’en occupent. On la propose à deviner successivement à tous les nouveau-venus. La voici :

Énigme.


Je suÀ la ville ainsi qu’en province
Je suis sur un bon pied, mais sur un corps fort mince,
Robuste cependant, et même faite au tour.
Je suMobile sans changer de place,

  1. Le premier ouvrage imprimé en France a pour titre : Gasparini Barzizit Pergamensis epistolarum opus per Joannem Lapidarium Sorbonensis scholœ Priorem multis vigiliis ex corrupto integrum effectum, ingeniosa arte impressoria in lucem redactum ; (1470) in-4°. Le volume intitulé : Spéculum humanæ salvationis, que l’on croit antérieur à 1460, n’a pas été imprimé en France. — R.