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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/386

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MÉMOIRES SECRETS

est répandu et qu’il acquiert une certaine célébrité, plusieurs membres du Parlement y observent beaucoup de choses à redire. Ils trouvent mauvais que l’orateur, pour réfuter l’assertion de l’auteur du livre supprimé, « que le Parlement pouvait faire toutes les fonctions de la Chambre, » récrimine et prétende à son tour que la Chambre pourrait remplir toutes les fonctions de cette cour ; qu’il s’immisce dans la haute police, en détaillant les différens endroits répréhensibles du livre non relatifs à son ministère et à sa juridiction ; qu’il attaque les maximes prétendues contraires à notre législation, à la politique, à la morale, à la religion ; qu’il veuille même en discuter les points théologiques, comme si toutes ces matières étaient de sa compétence. D’après cette fermentation, il ne serait pas étonnant que ce réquisitoire fût dénoncé au Parlement, et il en est fortement question.

29. — Mademoiselle Guimard se disposait à continuer, la veille et le jour de Noël, les spectacles délicieux qu’elle donne chez elle et dont on a parlé[1]. Une défense de M. de Richelieu aux Comédiens du roi des deux troupes, de jouer ailleurs que sur leur théâtre sans la permission de Sa Majesté, a arrêté le cours de ces divertissemens. On applaudit fort à cette prohibition. Les absences fréquentes des meilleurs acteurs, et la liberté qu’ils prenaient de se consacrer à l’amusement de quelques particuliers, leur ont mérité à juste titre l’animadversion des gentilshommes de la chambre. Mademoiselle Guimard sera obligée d’avoir une troupe de comédiens à elle, et c’est un nouveau genre de luxe très-digne de sa magnificence.

  1. V. 12 décembre 1768. — R.