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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/427

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AVRIL 1769

point de prendre indispensablement. Malgré cette crise, qui n’est rien moins que comique pour ceux qui y sont intéressés, on veut, grâce à la gaieté française, dérider encore le front des actionnaires, et un plaisant vient de répandre à ce sujet une facétie très-propre à faire rire ceux qui le pourront. On distribue aujourd’hui, sous le manteau, une feuille imprimée qui a pour titre : Prospectus de la pompe funèbre de feu très-haute et très-puissante, très-excellente princesse madame la Compagnie des Indes, souveraine de la presqu’île de l’Inde, et ci-devant des îles de France, de Bourbon et du port de Lorient. On y lit que ladite pompe est dirigée par les soins de M. le duc de Duras (avec toutes ses qualités), syndic de ladite dame, et exécutée sur les dessins de M. Boutin, intendant des finances. Cette parodie a tout le sel de la plus fine critique. L’auteur, qui est sûrement du sein de la Compagnie, et qui en connaît à merveille les principaux personnages, les caractérise de la façon la plus frappante, et les couvre du ridicule le plus indélébile. Chacun y est nommé, et a une place marquée, relative à son rôle. Une pareille folie ne peut être bien sentie que par des gens qui ont suivi les assemblées générales et particulières. MM. le duc de Duras et Boutin, d’Eprémesnil, Necker, etc. sont les plus maltraités. L’auteur ne respecte que M. le contrôleur-général dont il n’a fait aucune mention. On regarde, en général, M. le comte de Lauraguais comme auteur du pamphlet[1] ; cependant il y est aussi caractérisé, mais d’une façon avantageuse, et qui ne peut que lui faire honneur.

7. — M. l’abbé Laugier, très-connu par sa sortie des Jésuites, quelques années avant la dissolution de cet ordre

  1. V. 23 mai 1769. — R.