Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
décembre 1766

17. — M. l’abbé de Voisenon a remis son abbaye du Jard et un petit priéuré qu’il avait dans le diocèse de Chartres : on lui donne huit mille livres de pension sur les économats, franches et quittes, et le roi se charge des réparations.

18. — La première représentation de Guillaume Tell, donnée hier, n’a pas eu la fortune que s’en promettait M. Lemière. Cette tragédie est absolument calquée sur l’histoire ; il y a plus de récit que d’action, plus de traits philosophiques que d’expressions de mœurs, et plus de vrai que de vraisemblable. L’attention est soutenue par l’intérêt de curiosité, mais le cœur est rarement ému par l’intérêt du sentiment. La poésie en est faible et souvent dure. Le sieur Le Kain s’est surpassé par la force, l’intelligence, le feu qu’il a mis dans le rôle de Tell. Les autres acteurs ont très-mal joué. La décoration de la scène a été admirée par l’illusion qu’elle faisait aux yeux. Elle figurait un lac, dans l’enceinte duquel on voyait des rochers entassés jusqu’aux nues. Les Habillemens étaient suivant le costume et pittoresques. Tous ces accessoies essentiels n’ont pas empêché de trouver cette tragédie pitoyable.

19. — Tableau de l’histoire moderne, depuis la chute, de l’empire d’occident jusqu’à la paix de Westphalie[1]. Cet ouvrage posthume de M. le chevalier de Méhégan donne lieu à la déclaration suivante, dans le premier volume du Journal Encyclopédique de novembre. « Cet ouvrage, auquel le public paraît avoir fait quelque accueil, ne nous est point parvenu. Quelque mal que l’auteur ait tenté de nous faire, quelque légitime que dût être notre ressentiment, nous rendrons compte de cette

  1. Paris, 1766, 3 vol. in-12. — R.