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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/129

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FÉVRIER 1770.

Ancien disciple d’Apollon,
J’étais sur le bord du Cocyte,
Lorsque le dieu de l’Hélicon
Dit à sa muse favorite :
Écrivez à ce vieux barbon.
Elle écrivit je ressuscite[1].

14. — M. Luneau de Boisjermain, dont on a rapporté la première contestation avec les libraires, vient de gagner contre eux en la chambre de police du Châtelet. La saisie faite sur lui a été déclarée irrégulière et nulle. En conséquence ses adversaires sont condamnés envers lui à cent écus de dommages et intérêts, mais on a ordonné en même temps la suppression des expressions injurieuses du Mémoire de Me Linguet. Reste à juger l’incident, plus grave que le fonds, puisqu’il ne s’agit de rien moins que d’une action criminelle intentée par les libraires associés à l’Encyclopédie contre M. Luneau de Boisjermain, comme auteur d’imputations qui réunissent tous les caractères de la diffamation la plus répréhensible, à l’occasion d’exactions dont il les accuse, relativement aux souscripteurs de ce dictionnaire. Ce second procès est pendant par-devant M. le lieutenant criminel du Châtelet.

Au surplus, les libraires, quelque chose qui arrive, ne tendent à rien moins qu’à ruiner ce malheureux auteur, par une manœuvre à laquelle il lui est presque impossible de se soustraire sans les secours les plus pressans ; ils achètent toutes les créances qui se trouvent contre lui à Paris, et profitent de ces titres pour le traiter de Turc à Maure, et renverser de fond en comble l’édifice très-chancelant de sa fortune.

  1. On trouve dans les Œuvres de Voltaire une version un peu différente de ces vers adressés à mademoiselle de Vaudreuil. — R.