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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/147

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MARS 1770.

l’écriteau, et on l’a déposé au greffe du bailliage, sans autre formalité.

31. Stances de M. de Voltaire à un ami[1],
Sur sa nomination à la dignité de Père temporel des Capucins du pays de Gex, et sur la lettre d’affiliation à cet Ordre, qui lui a été écrite par le Général.

Il est vrai, je suis Capucin,
C’est sur quoi mon salut se fonde.
Je ne veux pas, dans mon déclin,
Finir comme les gens du monde.

Mon malheur est de n’avoir plus,
Dans mes nuits ces bonnes fortunes,
Ces nobles grâces des élus,
Chez mes confrères si communes.

Je ne suis point frère Frappart,
Confessant sœur Luce ou sœur Nice ;
Je ne porte point le cilice
De saint Grisel, de saint Billard.

J’achève doucement ma vie :
Je suis prêt à partir demain,
En communiant de la main
Du bon curé de Mélanie.


Dès que Monsieur l’abbé Terray
À su ma capucinerie,
De mes biens il m’a délivré :
Que servent-ils dans l’autre vie ?

J’aime fort cet arrangement,
Il est leste et plein de prudence.

  1. Saurin. Les vers de ce poète auxquels l’épître de Voltaire sert de réponse, se trouvent dans la Correspondance littéraire de Grim, ier mars 1770. — R.