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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/171

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Mai 1770.

décorations, qu’on assure être de la plus grande beauté et d’une vérité d’imitation admirable ; surtout le dernier tableau a fait un effet prodigieux : cinq cents hommes sur la scène, débouchant par quatre côtés sur dix de front, ont présenté le coup d’œil le plus imposant et le plus terrible.

24. — On raconte un bon mot de l’abbé Terray au roi, qui indique dans ce ministre une présence d’esprit dont la nation ne peut qu’être fort aise par la bonne opinion qu’elle en doit concevoir du génie et des ressources du ministre, qui, s’il n’avait pas devers lui de quoi se rassurer, ne serait certainement pas plaisant. On dit que Sa Majesté lui ayant demandé comment il trouvait les fêtes de Versailles ? « Ah ! Sire, a-t-il répondu, impayables ! »

25. — Aucun des spectateurs du feu de Versailles n’en est sorti satisfait. Il ne répondit en rien à l’idée qu’on s’en était faite et au Prospectus qu’en avait distribué l’auteur. Cette girandole de vingt mille fusées n’a produit aucune sensation, et a terminé le spectacle on ne peut plus mal. On ne sait encore quelle récompense aura Torré : on parle de lui donner le cordon de Saint-Michel, honneur qui, comme on sait, est affecté aux talens.

26. — On voit ici quelques cahiers du commencement du Dictionnaire Encyclopédique de M. de Voltaire. Cet ouvrage, ainsi qu’on l’a prévu et annoncé, n’est autre chose qu’un titre vague pour réunir toutes les broutilles du vaste porte-feuille de cet écrivain, qui n’ont point encore trouvé de place convenable dans ses autres productions. Ce sont tous articles frappés au coin du génie de cet auteur, toujours impie et satirique.

27. — Voici exactement le portrait de madame la