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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/225

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JUIN 1770.

çaise, est à solliciter depuis plusieurs années, auprès des Comédiens Français, l’examen d’une tragédie qu’il se propose de donner au public. Ne pouvant avoir accès auprès de cet aréopage, il a adressé une courte Épître a M. le marquis de Chauvelin, seigneur recommandable par son goût pour les lettres, et il le sollicite de lui accorder sa protection auprès du tribunal en question. Voici cette singulière supplique :


Animé par ta voix, par ton goût éclairé,
Je sentis dans mes sens une flamme nouvelle,
Je Et fis passer dans mon drame épuré
Je EtQuelques traits de ce feu sacré,
Je Dont ton esprit, Chauvelin, étincelle.
Mais ton génie en vain sur mes faibles écrits
Aurait fait réfléchir un rayon de ta gloire,
Si mes travaux dans l’ombre étaient ensevelis ;
Je De tes bienfaits tu perdrais tout le prix,
S’ils ne pouvaient, hélas ! vivre qu’en ma mémoire.
Sers ma reconnaissance, et préviens ce malheur :
Je EtQue de nos juges de la scène
Ta main officieuse enchaîne la rigueur,
Je EtEt que l’urne de Melpomène,
Favorable à mes vœux, m’annonce un sort flatteur.
Je le dois obtenir, puisque j’ai ton suffrage,
Je EtEt mes succès seront l’ouvrage
Je EtDe ton esprit et de ton cœur.

23. — On a parlé du théâtre de mademoiselle Guimard à sa délicieuse maison de Pantin, et des spectacles qu’on y jouait avec toute la galanterie possible. Voici le très-singulier compliment de clôture qui y a été prononcé la semaine dernière, le jour où l’on a représenté pour la dernière fois.