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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/283

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JUIN 1770.

variations légères qu’a éprouvées cette compagnie depuis ce temps. Il y a recueilli toutes les anecdotes relatives à son objet : quoique puériles et minutieuses, elles ne devaient pas moins entrer dans ce travail, qui, au fond, est très-peu de chose. L’historien a joint aux faits des réflexions bourrues en style dur, comme lui, qui ont rire, et ne contrastaient pas mal avec les gentillesses, les gaietés du directeur. Il a fini par une apologie prétendue de l’Académie, sur le reproche qu’on lui fait d’admettre dans un corps où il ne doit point y avoir d’honoraires, tant de gens qui ne peuvent qu’y jouer ce rôle ; et le public a trouvé qu’il avait fort mal justifié sa compagnie, ou plutôt qu’il avait élevé une question qu’il n’avait nullement résolue. On ne doit pas omettre que dans l’historique du sieur Duclos, cet Académicien ayant fait mention d’une anecdote concernant le président de Lamoignon, grand-père de M. de Malesherbes d’aujourd’hui, et ayant ajouté, en nommant cet ancien magistrat, « ce nom si cher aux lettres, » tous les spectateurs ont envisagé, comme de concert, M. de Lamoignon de Malesherbes, et l’on a battu des mains pendant plusieurs minutes et à plusieurs reprises : éloge bien flatteur pour ce magistrat, qui se distingue aujourd’hui par sa qualité encore plus rare de patriote, et que la France entière envisage comme un de ses plus chers défenseurs.

Le public, et les femmes surtout, auraient été bien aises d’entendre quelques-unes des fables dont M. le duc de Nivernois a amusé si délicieusement les auditeurs dans plusieurs séances ; mais ce seigneur s’est refusé aux instances qu’on lui a faites, déclarant que, par un réglement nouveau, aucun Académicien ne pouvait rien