Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/12

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Mets, il eut envie de voir un Homme, dont l’Histoire luy avoit tant parlé. Il avoit appris d’elle, que la Vertu avoit eslevé cet Homme, & que la Fortune ne l’avoit pû abbaisser ; Que ses disgraces avoient esté plus glorieuses & plus éclatantes que sa faveur ; Qu’il eut la force de resister à un Parti, qui faillit à renverser l’Estat ; & qu’il merita les bonnes graces d’un Roy, auquel il ne manquoit rien que d’estre né, en un meilleur Siecle.

Monsieur le Landgrave, touché de l’admiration d’une si longue & si durable vertu, jugea cet illustre Vieillard, digne de sa curiosité, & luy fit l’honneur de le venir visiter à Metz. Par malheur, la Goutte le prit le lendemain qu’il y arriva : Et quoy qu’elle eust accoustumé de le traiter assez doucement, estant plustost un repos forcé, qu’une veritable douleur, il falloit pourtant la recevoir en malade, & garder le lit, tant qu’elle duroit. Cette attache le retint plus qu’il ne pensoit, en un lieu, où sans cela il ne se fust pas ennuyé. Elle nous