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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/141

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OV DE LA COVR

qu’il conſidere s’il y a plus de dommage, à ſe desfaire d’un Seruiteur de ce merite, qu’il n’y a de peril, à ne s’en desfaire pas. Vous ne pouuez le perdre, ſans un notable intereſt de voſtre Eſtat ; Vous ne le pouuez conserver, ſans un danger euident de voſtre Perſonne : Regardez, Sire, lequel des deux vous eſt le plus proche, ou voſtre Eſtat, ou voſtre Perſonne. Voyez s’il vaut mieux vous desfier touſiours de cet Homme là, ou vous en aſſurer par le ſeul moyen que vous en auez. Vn Souverain peut-il eſtre en ſeureté, tant qu’il y aura vn Particulier qui peut corrompre le Senat, deſbaucher des Legions, & faire reuolter les Peuples ? »

De cette ſorte, ſans faire de hautes exclamations, ni employer les figures violentes, il persuade vne Ame timide, & pouſſe la Crainte, dans la cruauté. Ainſi la Cruauté fait la douce, & paroiſt officieuſe, & bien-faiſante. Par des loüanges empoiſonnées, & pires mille fois que la meſdiſance toute ſeche, il opine à la mort,