Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/192

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Eux disputent quelque temps de la Faveur, à la Cour d’un Prince de dix-huit ans : Tantost elle a le dessus, & tantost elle leur cede. Ils partagent, avec elle, les affections, l’esprit, & les heures. Burrhus est escouté ; Mais ils empeschent qu’il ne soit cru. Ils sont comme le contrepoids de Seneque ; Mais à la fin ils emportent tout à eux. Les Epicuriens destruisent autant, en trois jours, que le Stoïque avoit basti, en cinq ans. Au moins peut-on dire, qu’ayant pris la Place, ils desfont les Travaux piece à piece. Ils attaquent les bonnes parties de leur Maistre, l’une apres l’autre. Des pechez veniels, où ils ont trouvé cette jeune Ame, rendant du combat, & faisant de la resistance, ils la conduisent, de degré en degré, à la Tyrannie, & aux Sacrileges.

Au commencement, ils se contentent de luy souffler aux oreilles, qu’il n’est pas necessaire au Prince, d’estre si homme de bien ; qu’il suffit qu’il ne soit pas meschant ; Qu’il auroit trop de peine, à se faire aimer ; qu’il