Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/216

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blé que la Terre s’est ouverte devant moy, & que je voyois distinctement, jusques dans son centre. J’ay consideré les peines de l’autre Vie, & tout ce terrible attirail de la Justice de Dieu, dont mon imagination n’est pas encore bien rassurée. Parmi les Meschans des Siecles passez, j’en ay reconnu quantité de celui-ci. Les Calomniateurs, les Meurtriers, les Impies, les Hipocrites y accouroient, à grosses trouppes, & se pressoient au bord de l’Abisme. Mais ayant observé en leur vie de visibles marques de leur reprobation, je n’ay point trouvé estrange de les voir arrivez, où je les avois veû s’acheminer. Ce qui me donna un estonnement extreme, ce fut, Monseigneur, que je vous apperceus dans cette malheureuse foule, qui se perdoit ; Et comme tout saisi, & tout interdit que j’estois, par la nouveauté d’une rencontre si peu attenduë, je m’escriay à votre Altesse ; Est-il possible qu’on se damne, en priant Dieu, & que vous alliez en Enfer, vous, Monseigneur, qui estes