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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/34

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ARISTIPPE

uent tous leur place, dans l’adminiſtration de l’Eſtat. Il y a des Eſprits d’vne mediocre capacité, qui defrichent, qui preparent, qui entament les affaires. Ils sont bons à commencer la beſogne. Ils font les chemins, & oſtent les difficultez, qui ſont à l’entour des choſes. Le Prince met ces Eſprits à tous les iours, & ſe deſcharge ſur eux, des plus groſſieres fonctions de la Royauté.

Il y a d’autres eſprits d’vne plus haute elevation, à qui il peut fier de plus importans emplois, & donner vne plus noble part en ſes deſſeins. Ceux-cy gouuernent ſous luy, & aueque luy, & ne ſont pas mauuais Pilotes, dans les Saiſons douces, & ſur les Mers peu agitées.

Mais que le Prince eſt heureux & que le Ciel l’aime, s’il ſe rencontre, en ſon temps, des Esprits du premier Ordre ; des Âmes egales aux Intelligences, en lumiere, en force, en ſublimité ; des Hommes que Dieu crée expres, & qu’il enuoye extraordinairement, pour preuenir, ou pour forcer les maux de leur Siecle ; pour em-