Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/60

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quoy que puisse dire nostre Homme, qui admire tant la Cour, & l’Art de la Cour, l’Ignorance audacieuse a souvent presidé à la conduite des choses humaines : Quoy qu’il jure qu’il a veû des rayons sur le visage de Monsieur le Duc de ***, cette fausse lumiere est une beveuë de ses yeux, & une illusion de son esprit. Les Sots ont souvent tenu la place des Sages, & un temps a esté, où ceux qui devoient dicter les Loix, & prononcer les Oracles, ne sçavoient, ni lire, ni écrire.

Ce n’est pas que leur sens commun fust plus net, pour n’estre enveloppé d’aucune connoissance estrangere. Ils n’avoient, ni les biens naturels, ni les biens acquis : Ils avoient seulement ce qui suit d’ordinaire les biens naturels & les biens acquis ; je veux dire la bonne opinion de soy-mesme, accompagnée du mespris d’autruy. Quoy que ce ne soit pas la coustume de sçavoir les affaires, par revelation, & qu’il faille les apprendre, par experience, ou devancer l’experience, par la force du rai-