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Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/70

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ARISTIPPE

uerſé ce qu’ils vouloient ſouſtenir ; Ils ont rompu ce qu’ils auoient deſſein de noüer ; Ils ont fait autant de ruïnes, qu’ils deſiroient faire d’eſtablissemens ; Ils ont gaſté autant de choses, qu’ils en ont maniées. Les cheutes des Princes, & les pertes des Eſtats ont eſté le ſuccez de leur Adminiſtration. S’eſtant ſaiſis de la Puiſſance souueraine, (ie les conſidere derechef, dans leur innocente infirmité) ils en ont vſé, comme les Enfans ſe ſeruent de leurs couteaux, qui s’en bleſſent le plus ſouuent, & en offenſent leurs Meres, & leurs Nourrices.


QVe ſi la temerité de ces gens-là n’a pas touſjours eſté malheureuſe : S’ils ſont arriuez au port, tenant vne route, qui apparemment les en eloignoit ; (car il est certain qu’il ſe voit de ces Miracles, & i’en connois quelques vns qui ſe ſont ſauuez, par des actions qui les deuoient perdre.) Il ne faut pas ſe fier pourtant à cette Felicité aueugle, qui les a gui-