Page:De Banville - Les Stalactites.djvu/100

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C’est l’âme de la Lyre ; à notre âme invisible
Elle se plaint souvent loin du monde réel,
Souvent, dans une étreinte amoureuse et terrible,
Vient la brûler aux feux de son œil immortel ;
Et, captive à jamais dans le rhythme inflexible,
Elle aspire sans cesse à remonter au ciel.

Elle meurt du désir qui toujours la dévore
Dans la froide prison des mètres et des vers,
Et tâche, l’œil perdu parmi les cieux ouverts,
D’entendre encor la voix de cet archet sonore
Qui, si loin du désert où ses chants vont éclore,
Mène dans l’infini le chœur de l’univers.


Juin 1845.