Page:De Banville - Les Stalactites.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Comme dans les combats du superbe Encelade,
Ardent comme un lion,
Si ce n’est point assez d’Ossa pour l’escalade,
J’y mettrai Pélion.

J’irai jusques au ciel, dans ses voûtes profondes,
Lui voler pour mes vers
Le rhythme qu’en dansant chantent en chœur les mondes
Qui forment l’univers.

Je boirai le nectar de la force première,
Et dans la main du dieu,
Impassible titan, chercheur de la lumière,
J’irai voler le feu.

Alors, vous que j’ai faits et d’une fange vile
Et de ce qui m’est cher,
Vous vivrez de ma vie, ô colosses d’argile,
Et vous vous ferez chair !

Vous vivrez, ô mes fils ! et comme d’un jeune arbre
On secouerait les fleurs,
Moi je ferai couler avec mon doigt de marbre
Votre sang et vos pleurs.

Comme une floraison par le printemps hâtée,
Par l’effort de mon bras
Tu sortiras du bloc, ô jeune Galatée !
Et tu me souriras !