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Page:De Banville - Les Stalactites.djvu/169

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Toute à l’instant qu’il faut saisir,
Tu mords, et d’une ardeur pareille,
Aux raisins gonflés de la treille
Comme à la grappe du plaisir !
Et sur ta poitrine, où se noie
Une lumière ivre de joie,
Mûrissent les fruits du Désir
Comme une vendange qui ploie.

En tes veines, de toutes parts,
Bourguignonne aux tresses dorées,
Le sang des Bacchantes sacrées
Bouillonne dans ton sang épars,
Et tu tiens tes idolâtries
De ces guerrières des féeries
Qui conduisaient les léopards
Avec des guirlandes fleuries !

Il fut ton aïeul, cet amant
De la chanson ivre et sauvage,
Menant sur son char de feuillage,
Par l’Attique, un troupeau charmant !
C’est pourquoi, danseuse étourdie,
Tu fais d’une main si hardie
Carillonner joyeusement
Les grelots de la Comédie !