Page:De Banville - Les Stalactites.djvu/193

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Toi qui, pareil à Véronèse,
Parmi les satins et les fleurs,
Fais resplendir en ta fournaise
Les femmes aux belles couleurs !

Toi qui, dans un temps qui végète,
Nous fais songer aux chœurs dansants
Qui bondissaient sur le Taygète,
Avec tes vers éblouissants !

Toi qui, savant aux hardiesses,
Peux, comme Myron et Scyllis,
Tailler l’image des Déesses
Dans le marbre pareil au lys !

Toi qui sus donner à la prose
Le prisme durable et charmant
Que traverse un éclair de rose,
Et le poli du diamant !

Toi qui répands de ta main pleine
Toute une riche floraison !
Dernier fils du chantre d’Hélène !
Âme, sagesse, esprit, raison,

Amant du beau, du vrai, du juste,
Règne parmi les Dieux de l’art,
Et viens prendre ta place auguste
Entre Rabelais et Ronsard !


23-24 octobre 1872.