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LES STALACTITES


Transparents et pensifs, de grands sphinx, des griffons
Projettent des regards longs et mélancoliques
Sur des Dieux monstrueux aux costumes bouffons.

Dans un tendre cristal aux reflets métalliques
S’élancent, dessinant le rhythme essentiel,
Vos clochetons à jour, ô sveltes basiliques,

Et sous l’arbre sanglant et providentiel
De la croix, sont éclos, enamourés des mythes,
Les vitraux où revit tout le peuple du ciel.

Stalactites tombant des voûtes, stalagmites
Montant du sol, partout les orgueilleux glaçons
Argentent de splendeurs l’horizon sans limites.

Babels de diamants où courent des frissons,
Colonnes à des Dieux inconnus dédiées,
Souterrains éblouis, miraculeux buissons,

Tout frémit : cent lueurs baignent, irradiées,
Les coupoles qui sont pareilles à des cieux.
Pourtant c’est le destin, voûtes incendiées !

Le voyageur, ravi dans ce lieu précieux
Et sachant qu’une Nymphe auguste est son hôtesse,
Parfois sur vos trésors lève un œil soucieux.