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LES STALACTITES


Jusqu’en la moindre gouttelette,
La fraîche haleine de ce vin
Exhale un parfum plus divin
Qu’une touffe de violette,

Chantons Io Pæan !

Et, dessus la lèvre endormie
Des pâles et tristes songeurs,
Met de plus ardentes rougeurs
Que n’en a le sein de ma mie.

La treille a ployé tout le long des murs,
Allez, vendangeurs, les raisins sont mûrs !

À mes yeux, en nappes fleuries
Dansantes sous le ciel en feu,
L’air se teint de rose et de bleu
Comme au théâtre des féeries ;

Chantons Io Pæan !

Je vois un cortège fantasque,
Suivi de cors et de hautbois,
Tourbillonner, et joindre aux voix
La flûte et les tambours de basque !

La treille a ployé tout le long des murs,
Allez, vendangeurs, les raisins sont mûrs !