Page:De Banville - Odes Funambulesques.djvu/109

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Ces mots déjà caducs : rat, grisette ou lorette,
Il se cabre, on l’entend fredonner : Turlurette !
Et, l’œil dans le ciel bleu, ce naturel naïf
Évacue un sonnet imité de Baïf.
Il voit dans le verger qu’il eut en patrimoine
Tourbillonner en chœur les cauchemars d’Antoine ;
Le voilà frémissant et rouge comme un coq ;
Il rêve, il doute, il songe, et tout son Paul de Kock
Lui revient en mémoire, et, pendant trois semaines,
Fait partir à ses yeux des chandelles romaines
Et dans son cœur troublé met tout en désarroi,
Comme un feu d’artifice à la fête du roi.
   La grisette ! Il revoit la petite fenêtre.
Les rayons souriants du jour qui vient de naître,
A leur premier réveil, comme un cadre enchanteur,
Dorent les liserons et les pois de senteur.
Une tête charmante, un ange, une vignette
De ce gai reposoir agace la lorgnette.
En voyant de la rue un rire triomphant
Ouvrir des dents de perle, on dirait qu’un enfant
Ou quelque sylphe, épris de leurs touffes écloses,
A fait choir, en jouant, du lait parmi les roses.
   Elle va se lacer en chantant sa chanson,
Lisette ou L’Andalouse ou bien Mimi Pinson,