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PRÉFACE.

Il reste un descendant de Godefroy de Bouillon, il chante dans les chœurs de l’Opéra ; et le dernier des comtes de Foix, M. Eugène Grailly, était acteur à la Porte-Saint-Martin. Un saltimbanque a récemment attaché son trapèze sous le pont suspendu qui domine la cataracte du Niagara, et, dans les variations du Carnaval de Venise, Mme  Carvalho a montré qu’avec son gosier elle jouait du violon mieux que Paganini : après cela venez dire que la versification des Odes funambulesques est excessive ou imprudente ! Sans parler des élus qui ont fait Les Feuilles d’Automne, La Comédie de la Mort, Les Méditations, Rolla, Les Iambes, Éloa, Les Ternaires, Les Fleurs du Mal, et d’autres beaux livres, il y a ici deux écrivains qui possèdent des natures essentiellement poétiques, ce sont MM. Louis Veuillot et Proudhon, les deux implacables adversaires de la poésie et des poëtes. Dans un morceau merveilleux d’inspiration lyrique, M. Proudhon, qui n’a jamais lu un vers, s’est rencontré, presque idée pour idée, avec Les Litanies de Satan, de M. Charles Baudelaire. Dans Corbin et d’Aubecourt, M. Louis Veuillot a donné une page digne de Burns : c’est la description de