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ODES FVNAMBVLESQUES.


Alors, sur son triste haillon
Il coud des morceaux de paillon,
Pour que dans ce siècle profane,
Fût-ce en manière de jouet,
On lui permette encor le fouet
De son aïeul Aristophane.

Et d’une lieue on l’aperçoit
En souliers rouges ! Mais qu’il soit
Un héros sublime ou grotesque ;
Ô Muse ! qu’il chasse aux vautours,
Ou qu’il daigne faire des tours
Sur la corde funambulesque,

Tribun, prophète ou baladin,
Toujours fuyant avec dédain
Ces pavés que le passant foule,
Il marche sur les fiers sommets
Ou sur la corde ignoble, mais
Au-dessus des fronts de la foule.

Septembre 1856.