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ODES FVNAMBVLESQUES.


Mais pourtant ne nous laissez pas
Nous consumer dans les attentes !
Arrêtez une fois vos pas
Chez nous, et plantez-y vos tentes.

Tout franc, pourquoi mettre aux abois
Cet Éden, où le lion dîne
Chaque jour de la biche au bois
Et soupe de la musardine ?

Valets de cœur et de carreau
Et boyards aux fourrures d’ourses,
Loin de vous, sachez-le, Caro,
Tout s’ennuie, au bal comme aux courses.

Vous nous disputez les rayons
Avec des haines enfantines,
Et jamais plus nous ne voyons
Que les talons de vos bottines.

Songez-y ! Vous cherchez pourquoi
Ma muse, qui n’est pas méchante,
M’ordonne de me tenir coi
Et ne veut plus que je vous chante ?