Page:De Banville - Odes Funambulesques.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et la bourse où madame a gagné, c’est la nôtre :
C’est la maigreur des uns qui fait un ventre à l’autre.
   Damon... Mais à quoi bon fatiguer votre voix ?
Muse, n’essayons pas de peindre en une fois
Les immoralités de ce siècle bizarre.
Nous en avons de reste au quartier Saint-Lazare,
Pour remplir largement trois mille feuilletons.
Tant de taureaux de Crète et de serpents Pythons
Se dressent à l’envi dans ce grand marécage,
Que nous demanderons du temps pour mettre en cage
Ces monstres de féerie, et pour bien copier
Leurs langues de drap rouge et leurs yeux de papier.
   Voyez les Auvergnats, les pairs, les gens de lettres,
Les Tom-Pouces âgés de quatre centimètres,
Le lézard-violon, le hanneton-verrier,
Le café de maïs, l’annonce Duveyrier,
Le journal vertueux, Aymé, dentiste équestre,
Et là-bas Mirliton qui s’érige en orchestre !
Hilbey ! Carolina ! Toussenel ! le guano !
Et Mangin ! et Clairville ! et maître Chicoisneau !
Et la Bourse ! et Madrid ! et l’Odéon ! et Rolle !
Et le nez de Guttiere ! et Buloz ! et l’École
Du Bon-Sens ! et le Bal des Chiens ! et le Journal
Des Chasseurs ! Janin même, aidé de Juvénal,