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pièces à l’appui, défendait avec zèle la cause à laquelle il avait voué sa vie. Vous auriez grand tort d’abandonner une entreprise chrétienne et nationale au moment où elle va réussir. La France y est vraiment intéressée, disait-il.

« Avant la guerre, ces régions, où elle a les premiers droits, occupaient 1.000 ou 1.200 de ses navires chaque année dans les pêcheries.

« Les immenses forêts de ces contrées seront utilisées pour les constructions navales ; voyez le parti qu’en tirent les Anglais. Bon nombre de Français pourront satisfaire leur goût pour les voyages et les aventures en parcourant ces vastes régions qui deviennent meilleures à mesure qu’on approche de la mer Douce (lac Huron). Les relations avec ce pays seront très utiles à votre marine nationale. Les sauvages ne sont pas tellement endurcis qu’on ne vienne à bout d’en convertir un grand nombre. Les bases des missions sont jetées ; ils aiment les hommes de la prière ; ils les réclament et le succès n’est pas douteux. »

Dans cette discussion prolongée, ce fut Champlain qui l’emporta et Richelieu passant sur toutes les objections des timides, résolut de conserver le Canada à la France. Pour hâter la solution, il fit armer dix navires afin de reprendre Québec. L’Angleterre voyant ces préparatifs, se hâta de signer le traité de Saint-Germain-en-Laye (29 mars 1632) qui rendait à Sa Majesté très chrétienne tous les lieux occupés par les Anglais dans la Nouvelle-France, l’Acadie et le Canada[1]. Ruinée par ses pertes successives pendant la guerre, la compagnie des Cent associés n’avait ni fonds ni vaisseaux pour effectuer le voyage. Thomas Kertk, qui trouvait la position militaire très forte et la situation commerciale très lucrative, remit Québec à Émery de Caen, délégué, le 13 juillet 1632.

Les rares colons restés au Canada avaient trouvé très longues les trois années de la domination britannique, parce que tout culte extérieur leur était interdit.

  1. Québec, Port-Royal et Cap-Breton sont désignés nommément dans le traité.