Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/52

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a établi cette année même dans le Potosi un hôtel des monnaies. Les gouvernements particuliers du Tucuman et du Paraguay dépendent, ainsi que les fameuses missions des jésuites, du gouverneur général de Buenos Aires. Cette vaste province comprend en un mot toutes les possessions espagnoles à l’est des Cordillères, depuis la rivière des Amazones jusqu’au détroit de Magellan. Il est vrai qu’au sud de Buenos Aires il n’y a plus aucun établissement, la seule nécessité de se pourvoir en sel fait pénétrer les Espagnols dans ces contrées. Il part à cet effet tous les ans de Buenos Aires un convoi de deux cents charrettes, escorté par trois cents hommes ; il va par quarante degrés environ se charger de sel dans les lacs voisins de la mer, où il se forme naturellement.

Le commerce de la province de La Plata est le moins riche de l’Amérique espagnole ; cette province ne produit ni or ni argent et ses habitants sont trop peu nombreux pour qu’ils puissent tirer du sol tant d’autres richesses qu’il renferme dans son sein ; le commerce même de Buenos Aires n’est pas aujourd’hui ce qu’il était il y a dix ans : il est considérablement déchu depuis que ce qu’on y appelle l’internation des marchandises n’est plus permise, c’est-à-dire depuis qu’il est défendu de faire passer les marchandises