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L’AVENTURE DE JIM MORISSON


À Marcel.


Nous avions allumé nos pipes et nous goûtions en silence le charme de cette fin de souper.

Décidément, cette vieille auberge me plaisait, avec ses grands airs d’un autre âge. Il semblait qu’à tout instant nous allions entendre sur la route les grelots de la diligence.

Mais non, nous étions bien au XXe siècle, et c’était le train qui nous avait déposés ici, mon ami et moi.

L’aubergiste, aussi, était un hôte d’opérette, l’air bon enfant et la mine rouge d’un grand amateur de whisky.

À ce moment, il nous regardait avec un sourire entendu, qui signifiait : « Eh bien, mes gaillards, êtes-vous satisfaits de mon souper ? »

On devinait qu’il brûlait d’entrer en conversation avec nous, de savoir où nous allions, d’où nous venions.

Mon ami, à qui le silence commençait à peser, satisfit ce désir :

— Peu de monde, ce soir…, remarqua-t-il d’un ton détaché.