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Du nuage sortit une forme humaine. Le clair de lune l’enveloppait de ses rayons d’argent.

Elle glissa plutôt qu’elle ne marcha à travers les épais fourrés qui bordaient la rive du lac. L’esprit avançait vite. Il fallait que l’Indien courût pour le suivre.

Bientôt, ils arrivèrent au pied d’une grande montagne. L’astre de nuit faisait scintiller la neige du sommet. Ils se mirent à gravir. Wobasso sautait de roche en roche. Pendant des heures et des heures, ils grimpèrent ainsi. Et déjà l’aube semait des pétales de roses à l’horizon, quand ils atteignirent un grand champ de neige. Wobasso semblait exténué, mais l’esprit le toucha de la main et aussitôt toute fatigue s’envola. Le jeune homme se sentit aussi frais et dispos qu’après un long sommeil.

— Prends de cette neige et fais-en un jeune et beau guerrier. Je lui donnerai la vie, dit l’esprit blanc.

Wobasso se mit à l’œuvre. Il réunit un grand tas de neige et y tailla la forme d’un corps humain. Il travailla longtemps. Lorsque le guerrier fut achevé, l’esprit en fit trois fois le tour et dit : « Va au village de Sebowisha, va demander sa main à son père. Ton nom sera Mowis ! » Aussitôt l’homme de neige descendit la montagne.


∗ ∗ ∗


Wawonaissa, accroupi sous la tente, suivait du regard les spirales qui montaient de son calumet. Il pensait à sa jeunesse, quand il partait chasser ou combattre. Mais de nombreux hivers avaient blanchi sa tête et la sagesse était venue avec les rides. Sa fille, Sebowisha, charmait ses derniers