Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/120

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Souverains ſont d’avis qu’un Miniſtre Etranger n’étant pas ſujet à la juſtice du pays ou il negocie, on ne peut juſtement exercer ſur lui aucun autre pouvoir que de le faire ſortir de l’Etat, qu’il faut s’adreſſer à ſon Maître pour lui demander ſatisfaction de ce qu’il aura malfait, & que ſi le Prince la refuſe, c’eſt au Prince même qu’il faut s’en prendre & non pas à ſon Miniſtre qui n’a été que l’executeur de ces ordres ; ce privilege des Miniſtres Etrangers s’étend même juſques ſur leurs domestiques ; en voici un exemple.

Le Roi Henri IV. qui peut être propoſé pour modèle aux plus grands Princes, fut averti par le Duc de Guiſe de la conjuration de Merargue, Gentilhomme de Provence qui avoit traité avec Dom Balthazar de Zuniga Ambaſſadeur d’Eſpagne pour livrer la Ville de Marſeille aux Eſpagnols en pleine paix, Merargue fut arrêté & avec lui le Secretaire de l’Ambaſſadeur d’Eſpagne nommé Bruneau, ils furent tous deux convaincus de l’intelligen-