Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/17

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tout un juſte & fin diſcernement, & il n’eſt pas ſurprenant que les hommes qui s’engagent dans ces emplois pour jouir du titre & des appointemens, & qui n’ont pas la moindre idée de tous les devoirs qui y ſont attachez, y faſſent un apprentiſſage ſouvent très-préjudiciable aux affaires qu’on leur confie.

Ces Negociateurs novices s’enyvrent d’ordinaire des honneurs qu’on rend en leur perſonne à la dignité des Maîtres qu’ils repreſentent, ſemblables à cet âne de la fable, qui recevoit pour lui tout l’encens qu’on brûloit devant la ſtatuë de la Déeſſe qu’il portoit. Cela arrive ſur tout, à ceux qui ſont employez par un grand Prince, auprès d’un Prince inférieur en puiſſance ; ils mêlent dans leurs Diſcours des comparaiſons odieuſes & des menaces indirectes qui lui font trop ſentir la foibleſſe, & qui ne manguent guères de leur attirer ſon averſion & ils reſſemblent plûtôt à des Herauts d’Armes, qu’à des