Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/34

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tance pour ſoutenir ſon opinion.

Il ne faut pas auſſi qu’il donne dans le défaut oppoſé de certains eſprits myſterieux, qui font des ſecrets de rien, & qui ërigent en affaires d’importance de pures bagatelles ; c’eſt une marque de petiteſſe d’eſprit de ne ſavoir pas diſcerner les choſes de conſequence d’avec celles qui ne le ſont pas, & c’eſt s’ôter les moyens de découvrir ce qui ſe paſſe, & d’acquerir aucune part à la confiance de ceux avec qui on eſt en commerce, lorſqu’on a avec eux une continuelle reſerve.

Un habile Negociateur ne laiſſe pas penetrer ſon ſecret avant le temps propre ; mais il faut qu’il ſache cacher cette retenuë à ceux avec qui il traite ; qu’il leur témoigne de l’ouverture & de la confiance, & qu’il leur en donne des marques effectives dans les Choſes qui ne ſont point contraires à ſes deſſeins ; ce qui les engage inſenſiblement à y répondre par