Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/45

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Rome que des gens d’épée ; comme plus propres à ſoûtenir l’honneur de leur caractere.

Un Negociateur doit avoir l’eſprit ferme auſſi-bien que le cœur ; il y a des gens naturellement braves, qui n’ont pas cette ſorte de fermeté ; elle conſiſte à ſuivre conſtamment une reſolution lorſqu’on l’a priſe, après l’avoir mûrement examinée, & à ne pas varier dans ſa conduite ſur les diverſes idées qui ſe preſentent ſouvent aux eſprits naturellement irreſolus. Ce défaut eſt ordinaire aux imaginations vives, dont la penetration va ſouvent au-delà du but, & leur fait prévoir tous les accidens qui peuvent arriver dans l’execurion des grands deſſeins, ce qui les empêche de ſe déterminer ſur le choix des moyens pour les faire réüſſir. Mais l’irreſolution eſt très préjudiciable dans la conduite des grandes affaires ; il y faut un eſprit déciſif, qui après avoir balancé les divers inconveniens, ſache prendre ſon parti & le ſuivre avec fermeté.