Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/50

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mais le Prince qui ſe fie à des Negociateurs de cette eſpeces, ne doit comptet ſur eux qu’autant que ſa proſperité dure ; ſi les temps deviennent difficiles, & qu’il lui arrive quelque diſgrace, ces maîtres fourbes ſont les premiers à l’accabler par leurs trahiſons, & ils ſe rangent toûjours du côtè des plus forts. La neceſſité qu’il y a d’employer des gens d’une probité reconnüe dans des occaſions importantes, me fait ſouvenir d’une belle réponſe de Monſieur de Faber, qui a été Maréchal de France, au Cardinal Mazarin ; ce premier Miniſtre vouloit attirer un homme considerable dans ſon parti, il chargea Monſieur de Faber de lui Faire de grandes promesfes, & il lui avoüa qu’il n’étoit pas en état de les executer, Monſieur de Faber refuſa cette commiſſion. & lui dit, qu’il trouveroit aſſez de gens pour porter de fauſſes paroles, mais qu’il avoit beſoin d’homme accreditez pour en donner de veritables, & qu’il le prioit de le garder pour ce dernier emploi.