Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/54

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coup contribué à le rendre l’un des plus grands Negociareurs de ſon temps.

Un homme qui ſe poſſède & qui eſt toûjours de ſang froid, a un grand avantage à traiter avec un homme vif & plein de feu ; & on peut dire qu’ils ne combattent pas avec armes égales. Pour réüſſir en ceſ ſortes d’emplois, il faut beaucoup moins parler qu’éçouter ; il faut du flegme, de la retenuë, beaucoup de diſcretion & une patience à toute épreuve.

Cette derniere qualité eſt un avantage quel la Nation Eſpagnolle a ſur la nôtre naturellement vive, inquiéte, & qui n’a pas plûtôt commencé une affaire qu’elle voudroit en voir la fin pour entrer dans une autre, & promener ainſi ſon inquiétude naturelle ſur divers objets ; mais on a remarqué qu’ordinairement un Negociateur Eſpagnol n’eſt pas preſſé, qu’il ne ſonge pas à finir pour finir, mais à finir avec avantage, & à profiter de toutes les conjonctures fa-