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alors ſans exemple, on n’avoit point de formulaire pour l’expier. Envain Ixion ſollicita tous les Princes de la Grèce, perſonne ne voulut même lui accorder les droits de l’hoſpitalité : & il erra long-tems ſans trouver aucun aſyle.

Jupiter, voyant ſon fils abandonné de tout le monde, eut pitié de lui, le reçut dans le ciel, le purifia, & lui permit même de manger à la table des Dieux. Un bienfait ſi ſignalé ne ſervit qu’à faire un ingrat & un téméraire : touché des charmes de la Reine du ciel, Ixion eut l’inſolence de lui déclarer ſa paſſion. La ſévére Junon, offenſée de ſa témérité, s’en plaignit à Jupiter, qui n’en parut pas irrité, regardant Ixion comme un inſenſé, à qui le nectar & l’ambroſie avoit troublé la raiſon. Lucien[1] dit que le Dieu propoſa même à Junon, un moyen pour ſatisfaire Ixion, ſans bleſſer l’honneur de la Déeſſe : Je ſuis d’avis, dit-il, de former une nuée qui ait votre reſſemblance, & de l’abandonner à Ixion. Comment, dit Junon, ce ſeroit le récompenser au lieu de le punir ; & de plus, tout l’affront retomberoit ſur moi ; parce qu’il croiroit m’embraſſer, & pourroit même s’en vanter. Si cela arrive, répond Jupiter, je le précipiterai dans les enfers. En effet, Ixion adreſſa ſes vœux à la fauſſe Junon ; & ſe vanta enſuite hautement d’avoir déſhonoré le ſouverain des Dieux ; à ce dernier trait, la colère de Jupiter s’alluma contre le perfide, il le frappa d’un coup de foudre, & le précipita dans le Tartare, où Mercure, par ſon ordre, l’attacha à une roue toute environnée de ſerpens, qui devoit tourner ſans relâche. Pindare[2] dit qu’Ixion, en tournant continuellement ſur ſa roüe rapide, crie ſans ceſſe aux mortels qu’ils ſoient toujours diſpoſés à témoigner leur reconnoiſſance à leurs bienfaiteurs, pour les graces qu’ils en ont reçûes.

Lorſque Proſerpine fit ſon entrée au royaume de Pluton, Ixion fut délié pour la première fois, dit Ovide. Du commerce d’Ixion avec la nuée, ou avec Néphèlé, nâquirent les Centaures. Voyez Centaures.

  1. Dans ſon Dialogue des Dieux.
  2. Pyth. 2.