Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/191

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sont pas nécessaires en ce monde, que l’argent seul est roi, qu’il ne faut croire qu’à l’argent.

Et il allait ainsi de l’un à l’autre, sautant, dansant, pirouettant et recevant en grand nombre de tous les trois, le genre de cadeaux dont Hendrik lui avait donné le premier et rude échantillon.

Et les bonnes gens d’en bas disaient : Comme il est bon, comme il est souple, comme il est humble, comme il sait bien se prêter aux circonstances, mettre de l’eau dans son vin, prendre le temps comme il vient, les hommes comme ils sont, faire contre fortune bon cœur, penser que tous les moyens sont bons pour arriver, que les honteux ont toujours tort et qu’il n’est pire fou que l’orgueilleux. Ha, le brave homme, ha, l’honnête homme !!!

Et il lui venait d’en bas beaucoup d’applaudissements et on lui jetait beaucoup de pièces d’or.

Cependant, les quatre musiciens en habit vert et pelé, dansaient à l’instar de leur modèle ; et ils tournaient vers lui des yeux pareils à ceux de chiens regardant un maître dont ils ont peur et voulant deviner ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire. Ils purent danser et ils dansèrent. Et maître Job leur rendit, avec les intérêts, les cadeaux bottés qui le forçaient souvent à se gratter là où ceux-ci avaient laissé une trop vive empreinte.