Page:De Coster - Contes brabançons, 1861.djvu/69

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— Puissent ainsi, dit-elle, s’envoler toutes mes pensées coupables !

— Pauvre madame, disait Kattau, vous êtes une sainte !

— Il le faut bien, n’est-ce pas, repartit Anna.


XXVI.


Anna suivit un jour son mari à Ternath, à quelques lieues de Bruxelles. Isaac désirait louer un château dans les environs. Ils se dirigèrent vers la station et montèrent en diligence. Un fier jeune homme et une belle jeune femme avaient pris place vis-à-vis d’eux. Isaac penchait la tête hors de la portière et s’écriait à tout propos : Ho ! les beaux arbres, le beau ciel, les jolis petits oiseaux, le printemps est le réveil de la nature ! Dieu fait bien ce qu’il fait. Qu’il doit être doux d’habiter la campagne ! N’est-ce pas, chère ? Et Isaac serrait tendrement la main d’Anna. Nous boirons du lait, disait-il, et nous mangerons du fromage à la crème… Anna écoutait froidement toutes ces fadaises, car elle savait que si Isaac désirait louer une maison de campagne, ce n’était pas pour y loger des amours légitimes. Elle ne pouvait détacher les yeux des deux jeunes gens