viſage & diſait toujours : « Sois mienne, je te ferai riche. — Oui, diſais-je, comme ma mère, à qui tu prendras son dernier liard. » Alors il redoublait de violence ; mais ne pouvait rien contre moi. Puis, comme il était plus laid qu’un trépaſſé, je lui donnai de mes ongles dans les yeux si fort qu’il cria de douleur & que je pus m’échapper & venir ici près de Soetkin.
Katheline diſait toujours :
— Nele eſt méchante. Pourquoi es-tu parti si vite, Hanſke mon mignon ?
— Où étais-tu, mauvaiſe mère, diſait Soetkin, pendant qu’on voulait prendre l’honneur à ton enfant ?
— Nele eſt méchante, diſait Katheline. J’étais près de mon seigneur noir, quand le diable gris vint à nous, le viſage sanglant & dit : « Viens-t’en, garçon : la maiſon eſt mauvaiſe ; les hommes y veulent frapper à mort, & les femmes ont des couteaux au bout des doigts. » Puis ils coururent à leurs chevaux & diſparurent dans le brouillard. Nele eſt méchante !
LXXXI
Le lendemain, tandis qu’ils prenaient le lait chaud, Soetkin dit à Katheline :
— Tu vois que la douleur me chaſſe déjà de ce monde, m’en veux-tu faire fuir par tes damnées sorcelleries ?
Mais Katheline diſait toujours :
— Nele eſt méchante. Reviens, Hanſke, mon mignon.
Le mercredi suivant, les diables revinrent à deux. Nele, depuis le samedi, couchait chez la veuve Van den Houte, diſant qu’elle ne pouvait reſter chez Katheline à cauſe de la préſence d’Ulenſpiegel, jeune gars.
Katheline reçut son seigneur noir & l’ami de ce seigneur dans le keet, qui eſt la buanderie & le four à pain attenant au logis principal. Et ils y menèrent noces & feſtins de vin vieux & de langue de bœuf fumée, qui étaient toujours là les attendant. Le diable noir dit à Katheline :