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RAYMOND.

Ah ! ça, pour qui me prenez-vous ?

Même air.

––––Cessez de grâce un semblable langage !.
––––Moi, vous livrer !.. plutôt cent fois mourir  ;
––––Un pareil mot et me blesse et m’outrage,
––––Je suis soldat, je ne sais pas trahir.
MARIELLE.

Cher Raymond !… Ah ! je le reconnais.

ANATOLE.

Que de générosité !… Mais, je crains qu’elle ne me soit inutile… on m’a vu entrer ici.

MARIELLE.

Sauvez-le !… sauvez-le !…

RAYMOND.

Eh ! c’est bien mon intention. (Prenant la main d’Anatole.) Une seule question… Avez-vous servi contre la France ?

ANATOLE.

Jamais !…

RAYMOND, vivement.

Je vous sauverai… Vous vous appelez Pierre Durand… vous venez du village de Remiremont… j’attends une recrue de ce pays là… je vous donnerai une feuille de route, et vous pourrez gagner la frontière. (Prenant sur une chaise quelques effets d’habillement.) Passez vîte cette veste de conscrit… mettez ce bonnet de police… (Il les lui donne.)

SAUVAGEOT, en dehors.

Soyez tranquilles… il ne nous échappera pas !

ANATOLE.

Il est trop tard !

RAYMOND.

Où le cacher ?… là ! là, dans cette alcôve… (Il le pousse dans l’alcôve au fond.)

MARIELLE.

Mais moi !.. moi !.. Si l’on me trouve ici seule avec vous… à cette heure !.. Ah !.. (Elle se cache derrière le grand fauteuil, prés de l’alcôve.)

SAUVAGEOT, en dehors.

Cernez la maison et que personne ne puisse en sortir.. Je vous dis que nous le tenons.. ne me quitte pas, Rousselot..


Scène XV.

RAYMOND, ANATOLE et MARIELLE, cachés, SAUVAGEOT, un chapeau à trois cornes sur la tête, un large ceinturon et un sabre rouillé à la main, ROUSSELOT et deux Paysans armés de fusils.
SAUVAGEOT, entrant et se tenant sur le pas de la porte.

Encore le militaire !